Laura Krsmanovic
Lieu
Grand Manège
Langue
Tout
Horaire et dates
- Ouvert tous les jours de 10h à 18h
Entre projets artistiques et campagnes de sensibilisation, Laura Krsmanovic est également membre du collectif créatif 254Forest. En Septembre 2020, elle crée le projet pluridisciplinaire poétique et engagé ISOLA explorant les liens invisibles qui nous connectent. Vous êtes-vous déjà senti comme un fragment isolé ? Et si nos questionnements avaient en fait une racine commune ? La séparation, qu’elle soit de la nature, de notre rapport au féminin, de nos aînés, de nos morts etc.
À travers ces expériences sensibles, son intention est de faire évoluer le regard sur le vivant et de susciter l’émotion pour une relation plus respectueuse envers les autres, soi-même, la nature.
ORA : Écouter nos Morts
“On emporte ses morts partout avec soi, et s’ils restaient au cimetière, cela se saurait. La vie et la mort ne sont pas hermétiquement séparées, et l’eau qui coule n’imperméabilise pas nos vies du deuil.” (Vivre avec nos morts, Delphine Horvilleur)
Qu’est-ce qui sépare la vie de la mort ? Cette question existentielle est le pilier universel commun de toute expérience humaine. Qu’on l’envisage comme un phénomène de transmigration ou de réincarnation de l’âme, ou qu’on lui préfère le portail mystique matérialisé par les eaux troubles mais franchissables du fleuve Styx, nombreux sont les mythes et philosophies nous rappelant que les êtres qui sont « passés de l’autre côté » sont peut-être bien plus proches de nous que ce que l’on veut bien croire.
Mais aujourd’hui en Occident, tout pousse à nous détacher de telles conceptions du monde. Alors, à l’image de l’eau qui s’évapore dans l’air avant de redevenir liquide, ne serait-il pas temps de repenser non seulement la porosité entre la vie et la mort mais aussi la place des morts dans le monde des vivants ?
ORA use de compositions musicales électroniques contemplatives émaillées de témoignages narrant les différentes manières qu’ont les défunts de continuer à peupler nos mondes émotionnels. Au centre d’une pièce immergée dans une ambiance lumineuse apaisante, trône une cabine téléphonique irradiante, en connexion directe avec l’au-delà. Le dispositif évoque le « Téléphone du Vent » (Kaze no Denwa) installé à Ōtsuchi après le séisme meurtrier qui endeuilla le Japon en 2011. Un jeu de lumières subtil et mouvant détourne le public de l’environnement extérieur, le plongeant délicatement dans une atmosphère propice à une paisible introspection, comme on s’abandonnerait au flot d’une rivière. Les participant.e.s sont invité.e.s à explorer au plus profond de leurs émotions – libres de parler comme de demeurer silencieux.ses – l’ouïe envoûtée par les voix des récits et les paysages sonores. Un instant suspendu à la fois dans le temps et l’espace, où les univers de la vie et de la mort se rejoignent grâce au pouvoir de l’imagination et de l’expérience. ORA propose de s’immerger dans le monde de l’invisible pour réinventer notre perception de la mort et du deuil tout en laissant sa place à la tristesse et au souvenir.
Création & direction artistique: Laura Krsmanovic
Musique et sound design : Le Motel
Scénographie : Erased Studio
Programmation lumière : Ofer Smilansky
Mix et renfort montage : Christophe Loerke
Photo : Gretar Gunnlaugsson
Copy et traduction : Blurbs